Thomas Pesquet de passage au FIB

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Thomas Pesquet, notre célèbre astronaute français qui a séjourné dans l’ISS (la station spatiale internationale), va passer 3 mois à Rennes afin de préparer une expérience pour sa prochaine mission sur l’ISS. L’expérience est liée aux sports de raquettes dans le cadre d’un partenariat avec le CHU de Rennes, l’espace des Sciences et l’aéroport de Rennes Saint-Jacques. Thomas va venir faire quelques séances au FIB et il bien voulu répondre à quelques questions pour présenter son projet.

Bonjour Thomas, peux-tu nous expliquer ton projet.

TP : Vous vous rappelez certainement de l’expérience que j’ai faite avec un volant de badminton dans l’ISS (la vidéo ci-dessus). Les scientifiques se sont rendu compte de l’intérêt de ce type d’expérience, facile à réaliser dans l’ISS car un volant n’est pas lourd à transporter et surtout il ne risque pas d’endommager la station s’il rentre en collision avec les instruments. En dehors de la station c’est une autre histoire, un volant de 5,5 g se déplaçant à la vitesse de l’ISS, soit 28000 km/h, représente un véritable projectile capable de détruire un satellite. Il n’est donc pas question de le lancer dans l’espace.

Pourquoi avoir choisi Rennes et le FIB?

TP : Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord c’est le CHU de Rennes qui pilote une partie du projet. L’espace des sciences de Rennes est partenaire et je vais réaliser 3 conférences les premiers mardis de Septembre, Octobre et Novembre. C’est aussi un des plus beaux planétariums d’Europe. Une conférence portera sur l’expérience et ma prochaine mission sur l’ISS prévue en Octobre 2021. La proximité de l’aéroport de Rennes Saint-Jacques est aussi un vrai plus. Sa piste, qui est actuellement en travaux pour être rallongée, va permettre d’accueillir l’avion Airbus-0G que nous utiliserons pour simuler les expériences en apesanteur en faisant des vols paraboliques. Malheureusement les vols en chute libre dans l’avion 0-G ne durent pas assez longtemps pour l’expérience qui nous intéresse. Les planètes étaient donc alignées pour venir à Rennes. Enfin, ma cousine habite à la Ricoquais et elle va me loger pendant les 3 mois du projet. Elle pratique le Badminton au FIB en loisir et quand je lui ai parlé du projet l’an dernier elle nous a mis, moi et mon équipe, en contact avec l’entraineur pour pouvoir faire des séances sur place et des vidéos.

Peux-tu nous en dire plus sur cette expérience?

TP : Comme vous le savez, le badminton comme le squash ou le tennis sont des sports qui peuvent être très traumatisant pour les articulations et le corps, en particulier pour les tendons de la main, du poignet et de l’épaule qui sont exposés au risque de tendinites, ainsi que les sauts et les appuis qui peuvent favoriser des entorses au niveau des chevilles ou des genoux. Le CHU de Rennes a été lauréat d’un appel à projet de l’agence spatiale européenne, en proposant de séparer les différents paramètres pour étudier le seul rôle de la frappe dans l’apparition de tendinite sur les membres supérieurs. Une expérience en apesanteur permet en effet de séparer la contribution des appuis et des sauts de celle du mouvement du bras. Nous allons mesurer avec des appareils de haute précision et des caméras rapides le recul du bras (et du joueur) au moment de l’impact avec le volant. Ceci est indétectable dans les conditions habituelles pour un joueur en mouvement ou en appuis au sol mais mesurable lorsque le corps du joueur est initialement fixe et flotte en apesanteur, où il est libre de tout mouvement. La précision des appareils mesurant la vitesse par effet Doppler peut atteindre 15 microns/s soit 1,5 mm en 100 s. Différents capteurs vont mesurer cette seule contribution de l’impact sur le mouvement du bras. J’ai déjà pratiqué le badminton mais pas à très haut niveau, et pour que l’expérience soit probante je dois pouvoir réaliser parfaitement le même geste de frappe. Je vais donc venir travailler ce geste au FIB sur quelques séances en septembre. Il y aura ensuite des premiers tests dans l’Airbus A310 -0G à Saint-Jacques. Dans l’ISS nous allons faire plus de 500 mesures pour que les analyses statistiques puissent être concluantes. Mais si mon geste diffère trop d’une frappe à l’autre nous ne pourrons rien tirer de l’étude. Nous allons tester en particulier l’effet de la tension du cordage, en partenariat avec Yonex qui développe un nouveau produit. D’ailleurs Norishige Kanai, mon collègue japonais qui était avec moi lors de la dernière mission (on voit le drapeau sur la photo), s’entraîne de la même façon au Japon. Il viendra à Saint-Jacques deux semaines fin Novembre pour les expériences test avec l’avion 0G.

Merci Thomas, bonne chance pour ton projet. Nous sommes très heureux de te voir passer au FIB.

TP : Merci pour votre accueil, pour vous remercier il y aura des places à gagner pour les fibiens pour assister à mes conférences. Plus d’infos à retrouver sur ma page Facebook.

https://www.facebook.com/ESAThomasPesquet/videos/2990940784282777/?t=6

Voir aussi l’article dans Ouest-France

 

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